Riz au lait
Le dessert s'apparente à un moment à part, privilégié, telle une apostrophe dans une phrase à la recherche de sa consonne de rattachement. Quand ce dernier la trouve, les sens se révèlent et célèbrent le mariage de l'Homme et du sucre. En cela, le dessert peut être pris seul et à toute heure, accompagné ou célibataire, sur le pouce ou dans le fauteuil d'un salon de thé guindé, en se léchant les doigts, la bouche enchocolatée.
Les petits et les grands traumatisés de la nourriture saine le vivent comme la fin d'un long calvaire qui signerait la rémission d'une assiette de colin froid cuit à l'eau, la retraite d'un plat de haricots verts filandreux ou encore le retour à la casserole d'une soupe aux poireaux dont l'odeur de cuisson aurait lundi-fié l'après-midi d'un dimanche (situation si bien représentée par Pablo Picasso dans sa nature morte mélant au crâne, le poireaux et le pichet).
Si tous les desserts sont bons, certaines promesses sont parfois non-tenues. La déception surpasse alors de beaucoup les attentes initiales pour discréditer l'intégralité du repas, qui, faut-il le reconnaître, n'y est pour rien dans cette débâcle. Un dessert aguicheur qui s'avèrerait triste en palais, amorce à coup sur chez son goûteur un spleen baudelairien, d'une noirceur de terril, mélancolique comme un album de Francis Cabrel ou une huile de Domenico Fetti.
Heureusement, sauf à saupoudrer son corps d'une célèbre épice brune (j'entretiens un rapport d'amour-haine avec la cannelle depuis toujours), il est impossible de louper un riz au lait. En aparté, serait-ce la force des grands desserts que de toujours provoquer le sourire? Ou est-ce tout simplement la réaction désopilante des papilles d'un barbare du goût qui me ferait parler? L'interprétation vous est laissée libre.
Quoiqu'il en soit, le riz au lait, c'est bon... et encore plus les jours suivants sa cuisson. Ce dessert m'a définitivement ouvert à la richesse gustative et olfactive de la vanille qui figure parmi ces plantes de culture si lointaine, qui voyagent moins qu'elles ne transportent elles-mêmes.
Que résonnent casseroles et cuillères avant que je ne déguste vos savoureux commentaires.
Riz au lait pour 4 personnes
Préparation : 5 min
Cuisson : 22 min
Difficulté : faible
Ingrédients
200 g de riz rond (1/2 lbs)
1 l de lait demi-écrémé (4 tasse)
1 gousse de vanille
80 g de sucre blanc en poudre (2,7 oz)
cannelle (non, jamais, nada, nenni)
Préparation
Faites bouillir une grande quantité d'eau. Plongez-y le riz pendant 2 min, puis rincez-le à l'eau froide et égouttez-le.
Dans une grande casserole, versez une cuillère à soupe d'eau pour éviter que la préparation accroche. Ajoutez le lait, la gousse de vanille fendue et portez le mélange à ébullition.
Versez le riz et laissez cuire environ 15 min en remuant de temps en temps, délicatement. Incorporez le sucre et laissez mijoter encore 5 min.
Retirez la gousse et versez ce riz dans des ramequins individuels ou dans un plat de service. Enfin, ne saupoudrez pas le tout de cannelle (ni de poudre à canon d'ailleurs ou de cocaïne) dans la mesure où cette recette l'exclut tout bonnement et que ça gâche tout !