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Rétrogeek
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10 juin 2009

Blood of the kings

Savez-vous ce qu'est le epic metal ?

Eh bien, derrière ce croquignolet sobriquet (issu de l'infernale mouvance néologisante des historiens métaleux post-90 qui ne cesse de faire ma joie) se dissimule un descendant direct de ce que nous référencions jadis sous l'appellation non-contreversée de heavy metal et dont Iron Maiden porte encore le glorieux étendard.

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Survivance anté-christique d'un rock n'roll vieillissant, étouffant sous son propre vomi (c'est d'ailleurs ainsi que trépassa Bon Scott, chanteur mythique de AC/DC en février 1980), le heavy (comme les puristes aiment à l'appeler) s'est affirmé dans l'ombre cadavériquo-héroïnomaniaque des formations new wave au cours de la décennie maudite (comprenez, les années 80).

Aux quintes saccadées et lourdes d'une guitare ("takata, takata" fait la guitare) dont l'accouplement fusionnelle à une basse percusionnée électrise encore ma chambre d'ado, se joint un chant sous influence diablotine et castra qui imprègne les esprits de ses mélodies parfois cisterciennes, plus souvent baroques et sataniques.

Lorsqu'en 1970, Ozzy Osbourne nous révèle sa paranoïa, ressurgit alors cette insoutenable attirance de l'humanité à aimer ce qu'elle rejette, à approcher ce qui la repousse. Lucifer, Belzébuth et tous les démons, qu'ils se nomment Nikita Khrouchtchev ou Pol Pot, deviennent alors pour les bien-pensants, des Ben Laden en puissance, et Black Sabbath ou Judas Priest, leurs apôtres dévoués.

Ci-dessous une vidéo du concert parisien des Black Sab' en 1970. Pour bien appréhender la dimension avant-gardiste de cette musique, dites-vous que 2 ans plus tôt, sur les baricades, les étudiants fredonnaient du Guy Béart.

Le groupe défriche, sans le savoir, un sentier lumineux que la Nature synthétisera en un métal lourd, un glaive, forgé par les riffs lugubres d'un Tony Iommi. Si en contre-plan, nous apercevons la toison chevaleresque de Robert Plant et entendons l'archer psychédélique de Jimmy Page fendre l'air, nous n'oublions pas l'esthétisme d'ensemble de ce mouvement musical sans concession, si bien représenté par un Dee Snider, icône du glam metal et chanteur de Twisted Sister.

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Santiags custom' ou baskets blanches aux pieds, affublé d'un jean moulant en haillons ou d'un pantalon en cuir noir satiné, sublimé par les épaulettes d'une veste à franges laissant apparaître la virilité d'un torse velu (au cas où on douterait de cette dernière), le rockeur heavy est avant tout reconnaissable  par la fontaine de cheveux qui coule sur son crâne. Bouclée ou raide (comme Bruce Dickinson, le chanteur-roi de Iron Maiden), si la tignasse (expression chère à ma mère) de ces sauvages (une autre locution qu'elle affectionne) les différencie des bonzes tibétains, elle les rapproche définitivement du meilleur ami de l'Homme et, tout particulièrement, du lévrier afghan.

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Quid du epic metal dans tout cela, me direz-vous ? Et bien, sous-catégorie auto-proclamée d'un genre musical issu des caves et autre garage à papa, cette mouvance se situe dans le sillon d'inspirations dont nous venons justement de discourir. Aucun détour épistémologique n'est inutile ; ces quelques lignes le prouvent à nouveau.

Si la base musicale demeure la même, le epic metal trouve sa variation dans des paroles aux références historiques (plus  fantaisistes que sérieuses), parfois mythologiques, souvent héroic-fantasy. Des épopées nous sont contées où la force, la puissance, le charisme (rarement l'intelligence ou la mesure) d'un seigneur de guerre, rebelle ou démon sont outrageusement glorifiés. La célébration converge souvent vers un individu :

  • de type caucasien (oui, pour employer un vocabulaire nuancé, le metal aime à être exclusif à sa communauté... blanche),

  • mâle (évidemment, le metal se félicite quotidiennement de la domination de l'homme sur la femme... qui ne fait d'ailleurs pas grand'chose pour s'en affranchir. A se demander si elle n'y prend pas goût),

  • torse nu sur la pochette du CD, exhibant ses muscles à la manière de Conan le Barbare, surmontant des corps meurtris ou des femmes enchaînées, esclaves de leur amour transi, offrant leur poitrine charnue en pâture aux badauds,

  • les armes tendues, le poing dressé en signe de victoire contre les privilégiés ou de défiance à l'égard des valeurs de papa ou de Dieu (les valeurs de maman?),

  • et héroïque ou doué de capacités telles qu'elles lui confèrent une légitimité charismatique.

 

into_glory_ride hail_to_england fighting_the_world

the_triumph_of_steel louder_than_hell warriors_of_the_world

Voilà, le epic metal, c'est ça. Bon... C'est sûr, ça peut paraître un peu keus. Continuez toutefois votre lecture, par curiosité ou par goût, vous pourriez vous surprendre à ne pas détester le style.

Venons-en enfin à l'objet même de cet article : le sang des rois, blood of the kings en engliche, véritable hymne à la guerre, proclamé par Manowar en 1988, dans l'album Kings of Metal.

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Par l'entremise de mon grand frère (auquel je dois notamment mon initiation à la richesse sémantique d'Appetite for destruction ; j'avais alors 10 ans), j'ai abordé cette musique aux contours arides en écoutant une compil' de légende sobrement titrée : la route des tubes du hard rock (1989).

Outre les Guns n'Roses, Skid Row, Twisted Sister (et son fameux Love is for suckers) et autre Testament, Manowar se découvrit au point de marquer ma mémoire au fer rouge. Son leader vocaliste, Eric Adams, y vante en piste 13 la témérité des grands peuples européens, leur noblesse d'arme et l'allégeance qu'ils prêtent à la cause guerrière. Concluez : que des bonnes raisons pour voir couler the blood of the kings !

Assoiffé de sang, le chant y est comme possédé par le malin dont la frénésie habite la basse de Joey DiMaio. Les cordes de la gratte se transforment en liens acérés, prêts à égorger l'ennemi et son manche en une hache rédemptrice brisant les os des plus solides colosses. Les coeurs du refrain réchauffent les nôtres et composent la litanie du culte de l'honneur et de la bravoure. L'impatience d'en découdre nous gagne. Bref, après 7'25'' de musique, chuis bien chaud !

La glorification du code guerrier ante pugnam (comme aurait dit Mme Farjot, mon professeur de latin en 4ème) transcende Ross the Boss de la position 2'56'' à 3'45'', lequel nous livre un solo guitare aussi brûlant que des boulets rougis, merveilleusement conclu par une diatribe criarde cosmico-diabolique annonçant l'imminence du combat. Que du bonheur !

Ressentez-vous à présent le guerrier qui sommeille en vous ?

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Commentaires
B
N'oublie pas la masse d'arme !
G
Tiens !<br /> Je crois que je vais commander une hache à Noël.<br /> Oh ! Non, plutôt un fléau !
Rétrogeek
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